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Le numérique au service de l’humain et non l’inverse

La révolution numérique sera aussi profonde que l’a été la révolution industrielle. Blockchain, internet des objets, cyberdéfense, gouvernance internationale de l’internet sont autant de thèmes qui doivent être empoignés activement par la Suisse. Car dans ce domaine en constante mutation, qui ne tient pas le rythme recule. Au quotidien, nous percevons tous clairement que le numérique est aussi en train de bouleverser nos vies. Il pose des questions inédites. Qu’il faut essayer d’anticiper. Et auxquelles nous devons apporter des réponses réfléchies pour garder la parfaite maîtrise de cette nouvelle technologie qui doit rester un outil à notre service.

Il convient ainsi de s’interroger sur la place du numérique. Où positionner le curseur entre facilitation technologique et réduction des contacts humains? Quand les rapports humains sont-ils indispensables? Une réunion par Skype donne-t-elle la même énergie à l’équipe qu’une réunion physique? Un cours en ligne (MOOC) stimule-t-il autant l’étudiant qu’un cours en classe?

L’ubérisation doit être pensée. Comment canaliser le risque d’une captation abusive de l’attention et du temps "libre" des individus? Le remplacement, dans les magasins, de la personne qui encaisse par l’auto-scannage est-il psychiquement neutre pour le client? Est-il acceptable que des standards téléphoniques robotisés imposent d’écouter des informations parfois longues et inutiles?

Tous les acteurs doivent profiter de l’avènement du numérique. Comment garantir que les bénéfices du numérique (gain de temps, économie de personnel) améliorent aussi le bien-être des gens qui participent, bon gré, mal gré, à cette numérisation?

Nous devons aussi veiller à préserver notre génie humain. Les jeunes qui passent trop de temps sur les apps de leur téléphone ne risquent-ils pas de voir leur quotient intellectuel moins progresser que les autres (le risque est semble-t-il réel)? Et en termes de quotient intellectuel, peut-on remplacer les rencontres réelles par des échanges virtuels sur les réseaux sociaux sans risque pour son équilibre personnel?

Enfin n’oublions pas les offliners, ceux qui ne parviennent pas ou ne souhaitent pas franchir le pas du numérique. Comment concevoir la numérisation des services tout en les traitant équitablement?

Ces défis ne doivent pas nous faire renoncer au progrès. Mais le numérique ne doit pas non plus s’opposer à la culture. Il nous faut évaluer correctement ses apports, ses effets pervers et nos besoins pour mettre le numérique à sa juste place. C’est pourquoi j’ai demandé au Conseil fédéral de lancer une étude sur le sujet.

Claude Béglé, Conseiller national.

Paru dans 24 Heures le 13 janvier 2018