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Deal de rue : une lutte coordonnée et ciblée s’impose

La question du «deal de rue» est complexe car elle relève à la fois du local, du global, du préventif et du répressif. D’un côté, il y a ceux qui se plaignent à juste titre de la tranquillité perdue de leur quartier. Les parents et commerçants veulent éloigner les trafiquants des abords des écoles, des zones de chalandise. Ils réclament plus de présence policière pour éloigner les intrus qui opèrent comme s’il s’agissait d’un négoce légitime avec pignon sur rue.

D’un autre côté, il y a les clients de ces dealers qui nécessitent des traitements différenciés. Auprès des consommateurs potentiels, il faut renforcer la prévention (au plan familial, associatif, de quartier) tout en appliquant la loi telle qu’elle est. Ceci pour empêcher la propagation de la consommation, le recrutement de nouveaux clients. En revanche, la méthode coercitive ne fonctionne pas avec des drogués avérés. Leur état de dépendance l’emporte sur la peur du gendarme. Et lorsqu’un retour en arrière n’est plus possible, il ne reste plus qu’à soulager ces toxicomanes par un réel accompagnement, tant physique que moral.

Face à cette complexité, seules des réponses mesurées et nuancées, au cas par cas, sont efficaces. Et elles ne peuvent émaner que d’une collaboration entre autorités locales (police municipale, cantonale, services sociaux).

A l’inverse, la dimension internationale du trafic de drogue doit se traiter à l’échelon supérieur. Car on est face à des réseaux criminels très puissants. Les cerveaux se trouvent à l’étranger (Amérique latine, Asie, Afrique), avec de solides relais en Europe de l’Est, en Italie, aux Pays-Bas. Les filières se développent par cooptation. Celle sévissant chez nous – du chef « Hapiness » au petit dealer de la rue Maupas – est composée de Nigérians, plus précisément des Ibos, une ethnie réputée pour son dynamisme. Et faire ce constat, factuel, n’a rien de raciste.

Ces réseaux connaissent parfaitement les failles de notre système qu’ils exploitent intelligemment. Leur organisation est quasi militaire, avec des contrôles rigoureux et des rétorsions sévères pour les récalcitrants. Ce qui la rend d’autant plus difficile à traquer. C’est pourquoi, s’attaquer aux causes du mal et non pas seulement à ses effets, nécessite une réponse fédérale. Voire plus : une collaboration internationale, pour effectuer le lent et discret travail d’investigation qui permettra de confondre les vrais coupables.

Une chose est sûre : ce n’est pas en appelant à la seule répression qu’on fera disparaître la menace que présente le deal de drogue pour notre société. Il faut une combinaison ciblée d’outils : prévention, accompagnement, application de la loi et lutte déterminée contre les grands réseaux de trafiquants.

Claude Béglé, Conseiller national, et Sandra Pernet, Conseillère communale.

Paru dans le 24 Heures, le 28 juin 2018