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La tolérance n’empêche pas la fermeté

Le conseiller national Claude Béglé traque le lien entre terrorisme et intégration des étrangers.

Les abominables actes terroristes perpétrés vendredi à Paris nous rappellent l’inévitable lien entre politique étrangère et intégration des étrangers sur son propre territoire. Qu’on le veille ou non, les faits sont là: la guerre devient extraterritoriale. Le soi-disant Etat Islamique n’a aucune légitimité internationale, mais il n’en a cure. Certes, il cherche à conquérir en Syrie et en Irak un territoire qui serait le sien, dont le pourtour se modifie sans cesse, avec du pétrole. Mais il ne respecte pas le territoire des autres. La France est devenue pour la deuxième fois l’un de ses territoires de chasse préférés, en s’appuyant sur des complicités locales. Car la notion de «peuple» de cet État fantôme est toute aussi floue que celle de son territoire.

Le «peuple» de l’Etat Islamique, ce ne sont certainement pas les populations vivant sur les territoires conquis par Daech et martyrisées par ses troupes. Ce qui constitue les forces vives de l’Etat Islamique, ce serait plutôt les cerveaux de cette organisation, dont certains anciens généraux de Saddam Hussein, et les bataillons de militants qui s’engagent pour une telle cause. Or, qui sont-ils? Des gens avides de pouvoir, quelques tenants d’une orthodoxie religieuse dépassée et aussi des jeunes un peu déboussolés, fascinés par l’extrémisme dogmatique, manichéen et violent qu’on leur propose.

Tout d’abord rester ouverts et tolérants, ne pas ostraciser l’Islam

C’est là qu’existe un lien entre terrorisme et intégration des étrangers. Certains actes terroristes peuvent être le fait de loups solitaires, mais pas une organisation comme celle à laquelle nous venons d’assister, combinant l’engagement de commandos venus du dehors (y compris, semble-t-il, de «faux réfugiés») et celui de complices locaux. Il y a fort à parier que les jeunes Occidentaux candidats à la «djihad» sont souvent d’anciens immigrés – ou descendants d’immigrés – en provenance du Moyen-Orient ou d’Afrique, qui se sont mal intégrés en Europe, n’ont pas trouvé le moyen de s’y épanouir et dont la frustration personnelle se traduit par une radicalisation. Certaines «cités» aux alentours de Paris en regorgent. Ce sont déjà des zones de quasi non-droit, où la police française ne se hasarde qu’avec précaution. Cela constitue bien sûr le modèle à ne pas suivre.

Dès lors, que faire? Tout d’abord rester ouverts et tolérants, ne pas ostraciser l’Islam, dont la grande majorité des fidèles ne sont ni fanatiques, ni extrémistes. Ensuite, continuer d’accueillir des réfugiés en fonction de la tradition humanitaire suisse, mais en faisant un effort additionnel pour ne pas les isoler dans des silos, mais plutôt en les accompagnant sur le chemin de l’intégration culturelle, sociale et économique. Enfin il nous faut rester vigilants, renforcer nos services de renseignement, essayer de mieux filtrer les éléments potentiellement nocifs et réagir avec vigueur à l’encontre de toute tentative de radicalisation.

Claude Béglé, Conseiller national

Paru dans 24 Heures, le 23 Novembre 2015